On pourrait croire que la communauté du numérique d’intérêt général est un pilier de cette réinvention. Pour s’en assurer, regardons les sujets des conférences et ateliers : découvrir un nouvel outil de pilotage, développer des indicateurs, utiliser l’IA, explorer le monde magnifique de la donnée, participer à l’élaboration du nouvel outil digital, imaginer des formes nouvelles d’accompagnement numérique, répondre aux défis numériques dans une ville à 50 degrés grâce à un atelier immersif, émanciper les habitants des territoires ruraux grâce au numérique...
Le numérique est trop souvent vu comme une solution, une voie inéluctable. Il faut éduquer au numérique, il faut lutter contre l’exclusion alors même que le numérique en est une cause, il faut trouver des façons d’utiliser des IA dans les services publics... Parce que oui, l’IA est partout. Bien que ce soit dans la plupart des cas des machines à générer de l’approximation à partir d’une quantité indécente de ressources, c’est quasiment un impératif moral.
Pendant que José Halloy et Alexandre Monnin nous montrent la lune et nous parlent de soutenabilité forte et de désattachement, une grande part de NEC regarde le doigt, et se demande comment numériser davantage le monde pour accélérer la “transition”.
Et pourtant, la plupart des personnes sont conscientes. On trouve bien sûr quelques techno-béats, confits dans leur confiance infantile en l’entrepreneuriat technosolutionniste, mais il y en a en fait assez peu à NEC. On y croise de très nombreux acteurs et actrices d’un alternumérisme pluriel, des technocritiques joyeuses, des fonctionnaires admirables et des contractuelles héroïques. On y sait que le numérique est le problème, et pas la solution. On y pense qu’il faut en sortir, pas totalement, mais fortement. Mais il y a cette double contrainte politique, omniprésente : numériser, mais tout en réduisant notre empreinte.
Comment se positionner ?